«Plus jamais de Teknival sur des terrains agricoles»
Etienne Gangneron est porte-parole de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles du Cher et initiateur de l'Agrival, une mobilisation en réaction au à la rave qui s'est tenu le week-end 1er mai à Chavannes.
Qu'est-ce que l'Agrival?
Depuis lundi midi et jusqu'à mardi soir, nous avons décidé d'organiser un rassemblement sous les fenêtres du préfet à Bourges. Notre objectif est mobiliser une quarantaine d'agriculteurs en permanence sur la place Marcel-Plaisant. C'est une réaction au Teknival de Chavannes qui a accueilli, près de 100.000 raveurs, le week-end du 1er mai, sur des sites agricoles en pleine production. Et tout ça en collaboration avec l'Etat puisque c'est lui qui a procédé à la réquisition des terres avec le concours de la préfecture. On a décidé de soutenir les paysans qui ont retrouvé leurs cultures complètement broyées. Comme on ne pouvait pas rester passifs, après la fin du Teknival, on a décidé d'organiser un retour de flamme auprès de la préfecture à notre manière…
Qu'attendez-vous de cette mobilisation?
Ce que nous disons, c'est «plus jamais ça!», plus jamais de Teknival sur des terrains agricoles destinés à des productions alimentaires. Ce qui est d'autant plus insupportable, c'est la caution de l'Etat parce que c'est bien lui qui en est l'organisateur. Pourtant, un Teknival comme celui de Chavannes coûte à l'Etat plus de 500.000 euros. Les agriculteurs seront en effet indemnisés, il y a bien heureusement eu des négociations préalables mais mis à part le côté financier, c'est le préjudice moral qu'il ne faut pas oublier et prendre en compte.
Une table ronde est organisée mardi midi avec Claude Kupfer, le préfet du Cher. Quelles sont vos revendications?
L'Etat doit être capable de trouver d'autres endroits pour organiser un Teknival: des terrains adéquats comme des terrains de l'armée abandonnés, des terrains d'aviations, etc. Les préfets sont des hommes de communication aujourd'hui, c'est à lui de faire remonter nos revendications au sommet de l'Etat. Et ce dernier ne réagira que sous une certaine pression ! En réalité, nous n'attendons pas grand-chose de la table ronde de ce midi, c'est plus institutionnel. Nous comptons beaucoup plus sur la mobilisation que nous sommes en train de mettre en place avec les quelque 92 FDSEA du pays. Nous sommes en train d'affiner notre position avec des juristes pour entamer une procédure au niveau national pour contrer l'Etat. Les élus locaux sont en phase avec nous et ils vont nous aider à préparer ces procédures juridiques pour aller devant le tribunal administratif.
Libération - 23 mai 2006